Ma dernière newsletter date du 22 avril. 87 jours se sont écoulés. 87 jours, c’est presque une saison entière. En 87 jours, un bébé peut apprendre à tenir sa tête. On pourrait revoir Titanic 648 fois ou regarder une tomate mûrir (60 à 85 jours en moyenne). Pour une fois, j’ai la joie d’écrire que je n’ai pas procrastiné. Il m’est arrivé de le faire quelques jours d’affilée, écrasée par le poids de la fatigue, vidée par l’effort. Une chose est sûre : être en reconversion, ce n’est pas faire une pause. C’est aussi absurde que de dire que le congé maternité, c’est du repos. Au contraire, c’est une période de mutation. Elle demande une endurance mentale et physique monumentale. Les autres ont beau nous avertir du tremblement de terre à venir, il faut le vivre pour comprendre et améliorer sa vestibuloréception. Avoir des enfants et/ou se reconvertir en ayant des enfants est un sacré numéro d’équilibriste. Depuis 7 mois, ce projet, c’est mon troisième enfant. Il m’apprend la patience, la gestion de l’imprévu, et ce super-pouvoir qu’on développe en tant que parent : avancer, même en mode zombie. Comme avec un nourrisson, mes nuits ont raccourci. En phase d’apprentissage, chaque projet vidéo prend mille fois plus de temps à réaliser. Huit heures de boulot pour cinq glorieuses secondes sur After Effects. Puis un jour : premier projet fini de A à Z. Et ce même goût de fierté et de victoire qu’on ressent quand son gamin fait ses premiers pas.
Parfois, on m’a dit : “Tu as du courage, je sais pas comment tu fais.” Et les premiers mois, franchement, ça tenait. Comme quand vous avez un “bébé facile”. Vous vous sentez chanceux d’être dans le club des happy few. Je trouvais que ça roulait. Jusqu’à ce que je traverse, moi aussi, mes poussées de croissance d’adulte en reconversion. Vous savez, ces moments où les bébés deviennent grognons, collants, relous… avant d’apprendre quelque chose de nouveau. En gros : chaque progrès passe d’abord par une mini-tempête.
Et franchement, je ne vois pas de meilleure métaphore pour décrire ce que j’ai traversé ces derniers mois. Doutes, ralentissements, coups de mou. Je ne me suis jamais sentie découragée, mais j’ai souvent pensé : comment je vais y arriver. La frustration me titillait comme une plume dans le cou. Parce qu’à une époque où l’on est habituées aux gratifications instantanées, tout ce qui prend du temps peut rendre chèvre. Ou quand le corps lâche, il faut foncer au mental, comme le jour où j’ai dû passer mon exam de monteuse avec une sciatique du bras.
Et malgré tout, les choses ont avancé.
Ma première vidéo ? 1 mois de travail. Mon premier reel ? 1 semaine. Mon premier pilote de podcast réalisé en cours : 3 jours. Mon premier carousel : 2 jours. Mon diplôme de monteuse audiovisuelle validé : 6 mois. Vous voyez ce qu’elles ont de merveilleux, ces cinq dernières phrases ? Ce sont toutes des premières fois. Et putain, ça fait du bien. Même si j’en ai chié.
On ne redémarre pas une vie comme un épisode sur Netflix. Il n’y avait pas d’option “reprendre depuis le début”. Alors j’ai écrit une nouvelle saison. Un scénario qui ne cherche plus à plaire à tout le monde. Et cette fois-ci j’ai choisi un ton feel-good. Celui dans lequel je me sens comme dans des chaussons.
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Ma toute première vidéo longue pour en savoir plus sur Momofuku Ando qui a inventé les nouilles instantanées à 48 ans ;)
Écouter mon pilote de podcast qui sent bon les années 90 :
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À plus dans l’bus !
Trop happy de retrouver cette missive après 87 jours où clairement tu n’as pas chômé 💪🏼vive les premières fois 🥰